The Witcher 3: Wild Hunt, le troisième opus des aventures du sorceleur Geralt de Riv, sortait le 19 mai 2015 sur PS4, XBox One et PC. Plus tard, le 15 octobre 2019, la portable de Nintendo accueillait à son tour le Loup Blanc. Jeu maintes fois récompensé par la presse et encensé par les joueurs, il se pare depuis peu d’une mise à jour gratuite dite « next gen » à destination des machines actuelles, et censée procurer la meilleure expérience possible. Ce test ne reviendra pas sur les qualités intrinsèques de The Witcher 3, indiscutables en leur temps, mais sur ce qu’apporte réellement ou non cette mise à jour.
En préambule, sachez que votre serviteur porte un véritable amour à ce jeu. Porte d’entrée sur l’univers fantastique du sorceleur, ce jeu a été ma surprise vidéoludique du confinement, période au cours de laquelle -comme beaucoup de joueurs- j’ai pu me plonger dans l’œuvre et lui consacrer le temps nécessaire à sa pleine découverte. Aussi, les propos tenus faisant suite ne remettront pas en question la valeur du titre original mais la pertinence ou non de cette update censée magnifier le jeu et le faire entrer dans l’époque moderne. Pari réussi?
Epique en son temps
Pour rappel aux rares personnes qui n’auraient pas encore arpenté la Temeria, The Witcher 3: Wild Hunt est le troisième opus d’une saga vidéoludique adaptée des romans de Andrzej Sapkowski. Univers de Medieval fantasy en open world, il propose de suivre le parcours de Geralt de Riv, sorceleur de métier et donc chasseur de monstres. Avec sa vue la troisième personne, il met l’accent sur les combats à l’arme blanche, la magie, le travail de détective et l’exploration. Le jeu propose une aventure longue, bourrée de quêtes annexes parfois terriblement bien écrites, et propose deux extensions mémorables : Blood and Wine et Hearts of Stone. Question mécanique, il prend la forme d’un RPG à l’occidental où l’équipement aura son importance, au même titre que les potions, huiles, gestion de la magie et des points d’expérience glanés pour améliorer sans cesse notre avatar et l’adapter à un bestiaire toujours plus retors.
Quant à l’histoire, elle nous fait suivre la quête de Geralt à la recherche de la magicienne Yennefer disparue plus tôt. Il doit aussi assurer la protection de sa protégée, Ciri, menacée par la Traque Sauvage (Wild Hunt), une troupe de cavaliers démoniaques apparus depuis peu. Jeu aux 10 millions d’exemplaires vendus, il a obtenu un succès incroyable et rarement égalé. Une dernière chose à signaler cependant : si ce jeu a permis au studio d’accéder à une réputation solide, celle-ci a depuis été ternie par une tendance à la mise sur le marché de jeux perfectibles, faisant supporter aux joueurs de nombreuses mises à jour successives afin de pallier une commercialisation trop rapide.
Récupérer sa sauvegarde
Avant de commencer cette « next-gen update », peut-être aurez-vous envie de récupérer votre sauvegarde d’alors. Sachez que ceci sera un parcours du combattant. Il vous faudra, sur votre console Sony (puisque le test a été réalisé sur cette plateforme), télécharger la version PS4 puis réinstaller toutes (et je dis bien toutes) les extensions, Blood and Wine et Hearts of Stone si achetée(s) jadis, mais aussi toute quête additionnelle gratuite ou tout costume. Il vous faudra ensuite vous créer un compte GoG afin de profiter de la sauvegarde en ligne. Ceci fait, vous chargerez le jeu via votre sauvegarde préférée et, le jeu lancé, ferez une nouvelle sauvegarde. Là, une icône indiquera la mise en ligne de cette sauvegarde.
Quittez la version PS4 et lancez la version PS5, synchronisez le compte GoG évoqué ci-dessus et enfin votre sauvegarde apparaîtra sur cette version dite ultime. Petit détail qui a son importance, le disque de jeu old-gen devra être inséré dans votre machine, la mise à jour n’étant gratuite que pour les possesseurs du titre original. Voilà, vous êtes prêts. Alors, qu’apporte réellement cette mise à jour?
Quoi de neuf ?
Au risque de paraître rude, l’expérience n’apporte hélas pas grand-chose. A l’image du travail de CD Projekt Red sur ces dernières années, l’ensemble est bancal et techniquement aux fraises. Rien n’est impressionnant ou flagrant en terme d’optimisation. Le titre original n’était certes pas un mètre étalon sur le plan technique en 2015 mais à l’époque, il impressionnait énormément. En 2020, il assurait encore le spectacle, sauvé par sa direction artistique.
Seulement voilà, 8 ans se sont écoulés entre sa sortie et cette mise à jour, la new gen est arrivée et avec elle le rehaussement des standards de qualité et de plus grandes exigences de la part des joueurs. Ne nous leurrons pas, pour les joueurs de la génération précédente, il n’y a aucune révolution visuelle. Rappelons néanmoins pour sa défense que l’expérience proposée n’est ni un remake, ni même un remaster, mais seulement une mise à jour censée sublimer le jeu.
L’école du 150 dpi
Nos premiers pas à Kaer Morhen ou Novigrad nous ont déçu, soyons clairs. Les textures oscillent entre le retravaillé affichant une haute définition et la bouillie de pixels de jadis, les décors scintillent, les ombres parfois grossières et aliasées vont et viennent, des pans de décor à l’arrière-plan clignotent littéralement… Nous pardonnerons évidemment que les modèles n’aient pas changé ou que les animations soient datées, âge du titre oblige, mais lorsqu’on se rappelle des promesses des développeurs sur le lifting global, on ne peut que soupirer de déception.
Loin d’être une pointure technique en 2023, The Witcher 3 Complete Edition n’offre même pas le 60 fps et le ray-trading en simultané, un comble. A vous de choisir entre performance et fluidité via les menus. Privilégiez de toute façon une fréquence élevée, plus agréable, car le ray-tracing est décevant au possible. Il semble ne pas être en temps réel, timide et propose de vagues reflets à peine réalistes.
Les effets de lumières étant déjà réussis sur PS4, là encore les changements sont à peine perceptibles. Quant à une quelconque spécularité sur les modèles, oubliez. Encore faudrait-il que les textures aient toutes été retravaillées. Ce n’est hélas pas le cas et vous verrez bien souvent une côte de maille détaillée aux anneaux métalliques nets jouxter une tenue en cuir baveuse du plus mauvais effet. Vous contemplerez atterrés de magnifiques stères de bois aux détails apparents posées contre un mur de briques floues.
Pour résumer, le travail est inégal et toutes les textures n’ont pas subi un traitement mérité. Aussi l’aspect global paraît plus hasardeux que jamais, tel un jeu bâclé, là où autrefois le tout présentait une homogénéité bienvenue. Le travail nous a semblé imparfait, la promesse pompeuse et le tout desservant finalement l’œuvre globale. Nous vous invitons néanmoins à regarder les nombreux comparatifs PS4/PS5 fleurissant sur les plateformes de diffusion, plus parlantes à mon sens. Ingame et sans référence visuelle, le jeu ne décroche pas la machoire.
En conclusion
Si The Witcher 3: Wild Hunt Complete Edition propose certes l’expérience la plus complète et la plus léchée sur consoles de salon, elle reste cependant très en retrait de la version PC, optimisée au fil des ans par de nombreux moddeurs et proposant elle une expérience réellement impressionnante. En somme, nous voici face à une mise à jour heureusement gratuite pour les possesseurs du titre, la plus belle entrée en matière pour de nouveaux joueurs mais pour les habitués c’est une expérience déjà vécue et sans réelle nouveauté. Joueurs de la première heure ou tout du moins de la génération de console précédente, vous n’y trouverez que peu d’intérêt et devriez garder le souvenir de The Witcher 3 pour ce qu’il est : un titre adoré jadis, à la profondeur incroyable, à la bande originale mémorable, à la direction artistique réussie mais à la technique tout juste satisfaisante.
La mise à jour seule écope donc de la note suivante.
Le jeu global, pour les nouveaux joueurs, reste une aventure fabuleuse à faire impérativement. Son âge avancé et sa technique datée jouant légèrement contre lui à ce jour, nous lui accordons tout de même, dans cette livrée new-gen, la note excellente de :
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